Pensée sauvage et pensée des sauvages
Regard sur le versant culturel de la science
Par fidélité à son enracinement en phénoménologie mais en pratiquant la restitution phénoménologique (en lieu et place de la réduction phénoménologique), l’Auteur choisit d’observer trois horizons-d’objets : la pensée sauvage, la science et les savoirs. Il examine et revisite dans son fondement philosophique la réhabilitation de la pensée sauvage opérée par Lévi-Strauss. Il estime que ceux qui s’intéressent aux savoirs ancestraux africains devraient considérer les prestations de Griaule, Tempels et Kagamé comme des contributions notoires. Car si Rousseau, Bergson et Sartre pensaient comme font encore les soi-disant sauvages d’hier et d’aujourd’hui, c’est qu’il est temps pour chacun de nous de se débarrasser du « sauvage résiduel » et du complexe d’ignorance qui sommeillent en lui afin de se saisir courageusement et méthodiquement de l’idée de savoir-du-terroir pour en faire un concept opératoire. C’est ce qu’il nous faut si nous désirons nous réapproprier tous ces savoirs-être, savoirs-faire et savoirs-dire de nos terroirs respectifs ; étant donné que l’humanité actuelle peut encore en profiter, sans distinction de pays, de races ou de cultures. Même si pour le moment, la technoscience, regardée sur son versant culturel demeure indéniablement prisonnière des contraintes du capital et des rivalités idéologiques des sociétés dominantes.
Wild thinking vs thinking of savages
A look at the cultural side of science
In fidelity to its roots in phenomenology but by practicing the phenomenological restitution (instead of the phenomenological reduction), this paper chooses to observe three object-horizons: wild thought, science and knowledge. It examines and revisits in its philosophical foundation the rehabilitation of wild thought by Levi-Strauss. The Author believes that those interested in African ancestral knowledge should consider the performances of Griaule, Tempels and Kagame as notable contributions. Because if Rousseau, Bergson and Sartre thought as the so-called savages of yesterday and today still do, it is time for each of us to get rid of the “residual savagery” and the complex of ignorance that lurk within us in order to courageously and methodically grasp the idea of knowledge-of-the-land to make it an operational concept. This is what we need if we wish to re-appropriate all these “know-how-to be”, “know-how-to do” and “know-how-to say” of our respective terroirs; given that the current humanity can still benefit from it, without distinction of countries, races or cultures. Even if for the moment, technoscience, seen on its cultural side, remains undeniably captive to the constraints of capital and the ideological rivalries of dominant societies.